Ce matin je suis libre comme le vent. J’entame ma balade la tête dans les nuages, décidée de suivre mes pieds, presque curieuse de découvrir où mes pas me mèneront !
Tandis que JL assiste à la table ronde des « 8e Jornadas Artterapia en Educaio, Salut y Comunitat » (organisées par Miguel Izuel Currià du Grefart), je me fonds dans les quartiers de Barceloneta – j’écoute, je sens et je regarde – et j’aime ça !
Evidemment je commence ma journée dans un café du Poble Sec. Cafe con leche por favor! C’est à peu près tout ce que je sais dire. Toutefois, je comprends l’espagnol, mieux encore le catalan si proche de l’occitan. Même leur histoire se ressemble, ficelée de luttes de pouvoir et de domination, où dominateur et dominé sont interchangeables… La répression jusqu’à la langue à certains moments de l’histoire, et je comprends un peu mieux pourquoi il y a tant de drapeaux catalans flottant aux balcons. Même si je n’approuve pas le régionalisme, ni ici ni ailleurs !
Mes jambes me poussent à travers un jardin vers la Carrer Carrera (étrange non ?). Les graffiti omniprésents m’enlacent, leurs couleurs éclatantes m’absorbent. Même les arbres, les bancs, les poteaux en sont couverts, aucun espace vierge n’est toléré. Un jardinier municipal essaye de balayer les restes d’une nuit chaotique, un homme dort encore sur un banc, un carton-abri vide me désole…
Tandis que JL assiste à la table ronde des « 8e Jornadas Artterapia en Educaio, Salut y Comunitat » (organisées par Miguel Izuel Currià du Grefart), je me fonds dans les quartiers de Barceloneta – j’écoute, je sens et je regarde – et j’aime ça !
Evidemment je commence ma journée dans un café du Poble Sec. Cafe con leche por favor! C’est à peu près tout ce que je sais dire. Toutefois, je comprends l’espagnol, mieux encore le catalan si proche de l’occitan. Même leur histoire se ressemble, ficelée de luttes de pouvoir et de domination, où dominateur et dominé sont interchangeables… La répression jusqu’à la langue à certains moments de l’histoire, et je comprends un peu mieux pourquoi il y a tant de drapeaux catalans flottant aux balcons. Même si je n’approuve pas le régionalisme, ni ici ni ailleurs !
Mes jambes me poussent à travers un jardin vers la Carrer Carrera (étrange non ?). Les graffiti omniprésents m’enlacent, leurs couleurs éclatantes m’absorbent. Même les arbres, les bancs, les poteaux en sont couverts, aucun espace vierge n’est toléré. Un jardinier municipal essaye de balayer les restes d’une nuit chaotique, un homme dort encore sur un banc, un carton-abri vide me désole…
J’arrive enfin au jardin des kapokiers (originaires d’Amérique du Sud où ils sont connus sous le nom de palo borracho ou árbol botella). Quelle étrangéité que ces arbres à l’écorce écailleuse, avec ses boules d’ouate (on dirait du coton...) !
Je prends à droite l’Avinguda del Paral-lel et j’avance vers le port. Le ciel est bas, la pluie commence à tomber, l’humidité est chaude. D’ici les ferries embarquent pour les îles Baléares ou plus loin. Sur la Plaça d’Antoni Lopez, Colom montre de son bras tendu la direction du Nouveau Monde, là où sont partis siècle après siècle les gens fuyant terreur et famine, espérant trouver le paradis promis.
Je laisse de côté les célèbres Ramblas qui ne m’intéressent pas aujourd’hui. Je veux goûter à la Barcelone cosmopolite sans me lancer toutefois dans le malstrom des visiteurs étrangers. Ici on entend parler toutes les langues, on doit veiller à ne pas se faire écraser par ces étranges engins électriques où le touriste navigue debout à travers la ville, comme un automate téléguidé... Sans oublier les riksjas humains, les vélos, les sightseeing bus, les vespas autochtones. Je suis bien à pied, mon sac à dos à l’épaule, suivant mon propre rythme.
La pluie insiste, je me réfugie sous les bâches des brocanteurs de bijoux anciens, me laisse séduire par des boucles d’oreilles magnifiques, mais non, je résiste !
Retour vers l’Avinguda Paral-lel car je veux retrouver “Los jardines de las Tres Chimeneas” avec ses 3 cheminées en brique, vestiges de l’ancienne usine d’électricité qui a alimenté Barcelone et ses environs et est aujourd’hui destinée à s’arrêter. C’est un espace ou les fresques du Street Art foisonnent, avec un taux de turnover très important, si bien que l’on ne sait jamais sur quoi on va tomber ! Hier soir un jeune, haut perché sur son escabot, couvre de noir une fresque colorée. Qu’a-t-il en tête ? Je veux le découvrir ce matin ! Il a laissé quelques espaces de couleur, je ne comprends pas ce qu’il recherche ; je le découvrirai le soir-même pourtant – la magie de la création ?!
En bas d’une cheminée traîne une vieille chaussure noire. Une bouteille de gin vide est posée sur le bord d’un bassin. Quelques gens sont assis par terre entourés de leur misère humaine, ils discutent au cri rauque d’ivrogne…
Sur ma gauche j’aperçois la colline de Montjuïc dominant l’ancienne ville et le vieux port, l’eau dévalant un escalier en cascade m’attire. Je monte dans le parc, m’assieds sur un banc. Devant moi un bassin d’eau émeraude opaque ; une colonie de tourterelles virevolte entre leur « pin-nid » et un rocher dans l’eau. Un peu plus loin un groupe de gens a élu domicile sous une pergola, mêmes rires rocailleux de gin ou autre alcool bon marché qui fait oublier la misère.
Je ferme mes yeux un instant, je respire doucement et je saisis ce moment magique mais fugace d’une certaine paix intérieure – en accord avec le monde qui m’entoure.
Texte et photographies par Beatrijs L W – Juillet 2017
Mis en ligne avec l'aimable autorisation de l'auteure.
Bonjour Beatrijs et Jean-Louis,
RépondreSupprimerJ'ai suivi ce parcours dans Barcelone devant mon ordinateur comme un chat errant dans un appartement
et soudain je me suis retrouvée en pays catalan.
Nos pas nous portent en voyage en ouvrant des portes à nos yeux : les portes d'un certain regard.
Chacun verra le détail qui l'appelle, le visage qui l'interpelle, la couleur ou la forme qui le séduit, l'émotion qui l'anime.
Le regard est attiré comme magnétisé ; un appel silencieux pour les yeux qui dit doucement en chuchotant : regarde...
Je me souviens d'un voyage à Rhodes où rencontrant d'autres voyageurs, nous avions fait en commun quelques visites de sites particuliers.
Nous avions décidé de nous retrouver un jour, de retour en France, pour partager nos photos autour d'un repas convivial. Les photos circulaient, beaucoup se ressemblaient : même regard, même angle quand soudain, en regardant mes photos quelqu'un a dit : "mais tu n'as pas fait le même voyage que nous, pourtant nous étions bien ensemble ?"
Nos pas nous portent en voyage mais pourtant nous ne faisons pas le même voyage.
Chaque témoin d'un voyage y mettra ses propres sentiments, son propre scénario, ira vers sa propre rencontre.
Parce que le voyage c'est une rencontre ; une rencontre avec les autres et avant tout, une rencontre avec nous-mêmes.
L'homme qui voyage est en partance vers un ailleurs qu'il découvre pas à pas et ce pas, c'est l'inconnu.
Dans le voyage c'est notre propre histoire que l'on rencontre mais c'est aussi l'histoire de l'humanité.
Elle nous raconte au pied des marches, au détour d'une rue, nous offre des clins d’œil pour ouvrir nos yeux comme une photo de l'âme.
Belle journée,
Bien amicalement,
Chantal Rajic
Merci Chantal pour ton regard toujours aussi sensible.
RépondreSupprimerBises de nous deux.