samedi 24 octobre 2015

Le dormeur de la mer

par Chantal RAJIC



Une photo comme un poème de Rimbaud

La photo de cet enfant retrouvé sur une plage de Bodrum s’ajoute à celle de cette jeune Afghane aux yeux verts après un bombardement où elle vient de perdre ses parents, à celle de cette fillette agonisant dans la boue durant 3 jours et 3 nuits après une éruption volcanique en Colombie, à celle de cette fillette courant nue brûlée au napalm et la liste est longue de ces images qui défilent à présent sur nos écrans de plus en plus rapidement au rythme des conflits, guerres, catastrophes naturelles, changements climatiques ou géopolitiques. 

Ces photos nous parlent de souffrance, de solitude, de mort, d’absence, de perte comme si l’humanité venait crier pour nous alerter.

La photo de ce petit garçon, au-delà du symbole de la mer (mère) qui dépose son corps à nos pieds ou qui le rejette fait écho à nos parts d’ombre et de lumière et c’est bien la terre mère qui rejette et dépose nos folies meurtrières.

C’est une plage turque où chante la mer 
Où le soleil brille
Aux charmes touristiques
Un enfant jeune, face contre terre, tête nue
Et le front baignant dans l’écume salée,
 Dort.
Il est étendu dans le sable mouillé
Pâle dans son lit ocre de la lumière crue
Le bruit des vagues ne le réveille pas,
Il dort profondément  comme  dormirait un enfant malade :
Il fait un somme
Nature, berce- le chaudement : il a froid
Le bruit des vagues ne le réveille pas,
Il dort sous le soleil, la main sur le sol
Tranquille, il n’a plus de souffle pour cette vie-là.

Cette photo au goût amer pourrait s’intituler « le dormeur de la mer » comme si le poème de Rimbaud venait se superposer à nos émotions passées, comme si le mutisme de la photo parlait avec les mots de Rimbaud.

Ce n’est pas un soldat jeune, c’est un enfant dont l’innocence troue nos consciences.

Une photo comme un poème rassemble, laisse une trace dans nos souvenirs.

Une histoire qui rassemble, une histoire qui ressemble…

 De 1870 à 2015 : Et nous, 145 ans après qu’avons-nous fait ? Que faisons-nous aujourd’hui pour que son sommeil nous réveille ?

Parce que cet enfant, c’est aussi notre enfant intérieur abandonné sur une plage, la plage de notre enfance là où notre raison d’adulte a fait échouer notre enfant créateur et passeur de lumière.

vendredi 23 octobre 2015

Lola Alvarez Bravo, la photographe qui a immortalisé Frida Kahlo

mardi 20 octobre 2015

Claude ABAD à la Galerie Sophie Julien

J'ai rencontré le peintre Claude Abad à la Galerie Sophie Julien  le 10 septembre pendant le vernissage de son expo.. Je dis rencontrer à dessein car nous nous connaissons depuis 40 ans sans nous être rencontrés réellement.

J'ai été saisi par la division de l'espace dans ses compositions, et j'ai pensé à Kandinsky !


Claude Abad porte une attention particulière au travail des nuances de couleurs, qui permettent la mise en place d'un fond sur lequel il va asseoir et construire son œuvre.

Il se réclame de la non-figuration,  mais à travers les collages de textes, il vient signifier comme une parole interdite.


Au sous-sol : 
Des corps sous contention, muselés...



Des portraits à peine esquissés qui gardent leur mystère...



Des sous-verres:



3 œuvres qui nous plongent dans une profonde rêverie...


J'aurai souhaité rencontrer Claude Abad dans son atelier pour m'immerger dans son univers et être moins superficiel dans mes interprétations, mais cela ne lui a pas été possible et je le respecte.

 Sophie Julien  accorde une grande importance à la mise en scène des œuvres de l'artiste, elle permet de donner un rythme, une respiration, des trouvailles dans l'occupation de l'espace.

Très jeune, elle est devenue collectionneuse et a développé une addiction pour l'art.

 Galerie Sophie Julien : https://www.facebook.com/galerie.sophie.julien
 http://www.artdanslair.fr/locations/galerie-dart-sophie-julien/

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur